Jeudi 28 novembre
Rencontre avec les compositrices et compositeurs 18h00
Session d’échange animée par Laurent Vilarem
Eielson 19h00
Compositeur | Titre de l’œuvre |
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Pía Alvarado | Pregunta por las lilas * |
José Sosaya | Antígona XVI |
Yemit Ledesma | Luna griega |
Aurelio Tello | Antígona V |
Mark Contreras Waiss | Vocalise * Antígona VIIII & X |
* Création mondiale |
Note d’intention : Pregunta por las lilas, pour Soprano et Piano (2024) de Pía Alvarado
Inspirée par la tragédie grecque “Antigone” de Sophocle et revisitée à travers la poésie du Péruvien Jorge Eduardo Eielson (poèmes XV, XVI, XVIII et XX), cette œuvre nous plonge dans l’histoire d’Antigone, un personnage qui choisit de suivre son devoir humain en enterrant son frère, Polynice, en dépit du risque d’être elle-même enterrée vivante. Reliée par un continuum pianistique, la pièce nous transporte à travers plusieurs images évocatrices issues du texte poétique : les vastes plaines recouvertes de mousse, les vignes qui les habitent, les cafards solaires, et, enfin, la demande des lilas. Ces lilas symbolisent le printemps, représentant un renouveau après l’hiver et un espoir après la mort.
Note d’intention : Vocalise de Mark Contreiras Waiss
L’œuvre “vocalise” est un hommage à la diversité culturelle de l’Amazonie péruvienne, région où le compositeur a vécu. La pièce cherche à capturer et à évoquer les sonorités ancestrales de l’Icaro, le chant de guérison des différentes cultures de la jungle péruvienne, en les adaptant et en les réinterprétant à travers les ressources timbrales et harmoniques de la musique contemporaine. À travers la voix, il s’agit d’exprimer la spiritualité et le lien profond avec la nature qui caractérisent les cultures amazoniennes. Le piano, quant à lui, sert de toile sonore qui enveloppe et amplifie la mélodie, en utilisant des textures harmoniques qui reflètent la richesse et la complexité de la culture amazonienne.
Musiciens :
Maya Villanueva (soprano), Jacques Comby (piano)
Wayra 21h00
Compositeur | Titre de l’œuvre |
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Heitor Villa-Lobos | Quinteto instrumental |
Maria Alejandra Castro Espejo | I Looked in the Mirror and Found Myself Multiplied * |
Juan Arroyo | Wayra aux Indes parallèles |
* Création mondiale |
Note d’intention : I Looked in the Mirror and Found Myself Multiplied (2024) de Maria Alejandra Castro Espejo
“L’alto est traditionnellement un instrument d’accompagnement typique. Dans un quatuor à cordes, l’alto joue généralement le rôle de voix centrale et forme un pont sonore entre les violons brillants et le violoncelle sonore. Enfin, l’alto se retrouve sous les feux de la rampe pour une fois ! J’ai en tête une œuvre dans laquelle je souhaite me concentrer sur l’exploration des volumes doux. C’est l’occasion de mettre en valeur la subtilité et l’intimité du son de l’alto et cela nécessite un équilibre minutieux entre les instruments et un sens du détail dans l’interprétation. Les trois cordes entoureront l’alto comme une ombre et l’ensemble sera composé de deux flûtes (dont la flûte alto et la flûte basse), d’une clarinette (dont la clarinette basse), d’une harpe, de percussions, de deux violons et d’un violoncelle. J’espère ainsi créer une nouvelle œuvre avec une riche palette de paysages sonores et de subtiles nuances de timbre.”
Note d’intention : Wayra aux Indes parallèles de Juan Arroyo
L’opéra-ballet Les Indes Galantes (1735-1736), composé par Jean-Philippe Rameau, sur un livret de Louis Fuzelier, a été la source d’inspiration pour l’écriture des quatre chants amoureux de Wayra aux Indes parallèles. En particulier la deuxième partie des Indes Galantes, intitulée Les Incas du Pérou. Au cours de cette entrée, le personnage de Phani-Palla, une jeune princesse inca, invoque les dieux pour la libérer de Huáscar, prêtre du soleil, et lui permettre de rejoindre Carlos, le conquérant qu’elle aime tant. Au cours de l’action, Huáscar ment à Phani-Palla, prétendant qu’elle est l’élue pour le rejoindre. Dans le dénouement des Incas du Pérou, Huáscar est puni par les dieux à cause de ses mensonges et meurt englouti par un volcan. Finalement, Phani-Palla et Don Carlos réalisent leur souhait d’union. Mais que se passerait-il si Phani-Palla avait la possibilité de vivre dans des réalités parallèles ? Prendrait-elle la même décision dans chacune d’elles ? Attendrait-elle la volonté des dieux ? Chanterait-elle pour l’amour de Don Carlos ? Telles sont les questions qui ont fait vibrer l’imagination d’Arroyo. Déconstruisant l’Aria de Phani, son exotisme baroque, son amour soumis au désir des dieux et des hommes, sa ligne mélodique et son langage, Phani-Palla, rebaptisée Wayra, offre quatre nouvelles réalités à son personnage. Arroyo explique que son Wayra aux Indes parallèles est un hommage à l’amour et à ses multiples formes plutôt qu’un retour à la musique baroque ou à la musique des Incas.
Musiciens :
Emmanuelle Monier (mezzo-soprano), Samuel Casale (flûte), Louna Dekker-Vargas (flûte), Jean-Jacques Godron (clarinette), Sylvain Devaux (hautbois), Constance Luzzati (harpe), Pauline Klaus (violon 1), Lucie Leker (violon 2), Elodie Gaudet (alto), Clotilde Lacroix (violoncelle)
Vendredi 29 novembre
Rencontre avec les compositrices et compositeurs 18h00
Session d’échange animée par Laurent Vilarem
Rejoice! 19h00
Compositeur | Titre de l’œuvre |
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Othman Louati | Duets * |
Iannis Xenakis | Dhipli Zyia |
Sofia Goubaïdoulina | Rejoice! |
* Création mondiale |
Note d’intention : Duets d’Othman Louati
Duets est une courte suite pour violon et violoncelle en six mouvements. Ceux-ci se concentrent sur un réservoir de gestes caractéristiques, à la manière d’un dialogue enjoué. Le langage se veut aussi simple que possible : chaque miniature est envisagée comme un miroir déformant à travers lequel on aura loisir d’attraper au vol quelques reflets des anciennes formes de la musique baroque.
Artistes :
Pauline Klaus (violon), Marie Ythier (violoncelle), Yukao Nagemi (dessin numérique)
Ragtime 21h00
Compositeur | Titre de l’œuvre |
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Rebecca Clarke | Shy one A dream |
Amy Beach | Meadowlarks A mirage Ah Love, but a day |
John Adams | China Gates |
Aaron Copland | From Twelve Poems of Emily Dickinson : Nature The gentlest mother Why do they shut me out of Heaven The world feels dusty |
Sato Matsui | L’Oiseau solaire Four Ballads from the Road Between * – Cradle Song – Right and Left – Black Hair – To the Cicada |
Elliott Carter | At the piano Caténaires Dust of snow |
Igor Stravinsky | Ragtime |
George Gershwin | Prélude n°1 He loves and she loves (Funny face) Prélude n°2 Summertime (Porgy and Bess) Prélude n°3 I got rhythm (Girl Crazy) |
* Création mondiale |
Note d’intention : Four Ballads from the Road Between, musique de Sato Matsui sur des poèmes de Yoné Noguchi (1875-1947)
“Four Ballads from the Road Between est un cycle de chansons qui explore les thèmes de l’expatriation, de la traduction culturelle et artistique, des concepts qui me tiennent particulièrement à cœur en tant qu’artiste multiculturelle et expatriée. En m’inspirant de la poésie de Yoné Noguchi, le premier poète japonais à publier en anglais et à tisser des liens entre l’esthétique japonaise et la littérature occidentale, j’ai voulu exprimer des ressentis culturels qui, grâce à la poésie et à la musique, devient ici un moyen d’immersion et d’empathie, créant des ponts de découverte entre deux cultures très différentes. Les quatre chansons suivent vaguement les différentes étapes de la vie. Elles commencent par Cradle Song, une berceuse douce marquée par la tendresse maternelle, mais où l’on devine aussi la mélancolie et l’incertitude liées à l’existence. La deuxième chanson, Right and Left, d’où vient l’image du titre « the Road Between » évoque le parcours d’un voyageur qui s’identifie autant au monde de droite qu’à celui de gauche, mais qui suit son propre chemin entre eux. Noguchi utilise ici une simplicité typiquement japonaise, en se servant d’images enfantines pour évoquer l’innocence et la quête d’identité. Black Hair, la troisième chanson, est une ode à l’amour. Le poète se laisse envoûter par les mouvements lents des cheveux noirs de son amante. Des images de la nature renforcent l’admiration qu’il ressent, peut-être en écho à une chanson traditionnelle de geiko portant le même titre en japonais. Le cycle se termine avec To the Cicada, une ode aux cigales dont le chant marque les étés au Japon. Ici, leurs cris deviennent une allégorie de la tragédie du cycle de la vie, un écho monotone de leur destin inéluctable. Ces sons représentent l’impossibilité de changer ce destin, tout comme les dernières heures de leur existence. En utilisant cette image, j’ai souhaité amplifier la narration dramatique typique de la poésie occidentale du début du siècle, tout en explorant un certain humour noir propre à cette tragédie entomologique.”
Musiciens :
Maya Villanueva (soprano), Jacques Comby (piano)
Samedi 30 novembre
Rencontre avec les compositrices et compositeurs 18h00
Session d’échange animée par Laurent Vilarem
American Landscapes 19h00
Carte blanche à La Fondation des États-Unis
Compositeur | Titre de l’œuvre |
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Dayton Hare | Three Eliot landscapes |
Ellen Taaffe Zwilich | Fantasy for solo violin |
Dayton Hare | Sometimes, the rain |
Jake Heggie | Statuesque |
* Création mondiale |
Musiciens :
Sarah Curtis (mezzo-soprano), Natalie Darst Xia (violon), Jonathan Bass (piano)
Ellipses 21h00
Compositeur | Titre de l’œuvre |
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Charlotte Bray | Fire Burning in snow |
Antonin Rey | Petit set pour les nerfs * |
Vincent Trollet | Deux chants sous le ciel d’Ignis * |
Maurice Ravel | Le Tombeau de Couperin |
* Création mondiale |
Note d’intention : Fire Burning in snow de Charlotte Bray
Moonshot aspire à la proximité, tend la main à l’amour perdu, figé et immergé dans son absence. Éliminant les couches de personnalité qui lui donnaient forme et la définissaient, elle danse seule dans une lumière qui, espère-t-elle, l’appellera, en chantant pour obtenir du réconfort. Dans sa solitude, dans le calme de cette complainte obsédante – la partie la plus sombre du recueil – un vide profond se fait sentir. Des émotions perturbées et brutes qui ne sont jamais entièrement comprises, des mystères qui persistent, ouvrent la voie à d’autres voyages. Présenté d’un point de vue masculin, Loose Ends est ancré et présent. Émergeant d’un paysage émotionnel façonné par une perte douloureuse, une liberté nouvellement trouvée, la promesse (un rêve) d’un bonheur futur, le personnage se sent indestructible jusqu’à ce qu’il perde le contrôle, retombe sur la terre dense avec un bruit sourd et réalise que ses tentatives d’enterrer les souvenirs de son amour perdu sont superficielles et futiles. Une présence riche est ressentie tout au long d’Occupations. Un amour imbriqué dans le sien – interne, tout en étant libre ; constamment renvoyé en arrière pour rappeler ce qui a été perdu, jusqu’à ce que finalement, il s’échappe, une fois accepté, peut-être. En fin de compte, une certaine forme de résolution est trouvée. Une riche palette et des références sensorielles permettent de voir, d’entendre, de sentir et de ressentir les poèmes ; ils sont virtuellement tangibles, bondissant de la page avec une voix claire et colorée.
Note d’intention : Création d’Antonin Rey
La commande de l’Ensemble Regards me donne l’occasion d’ajouter une pierre à l’édifice de mon projet au long cours, un macro-cycle de musique pour violon(s). Celui-ci est une utopie : constituer une nuit entière de musique pour cet instrument, que je connais bien pour l’avoir pratiqué moi-même pendant de nombreuses années. Celui-ci sera tantôt complètement seul (les interprètes se relayant sur scène tout au long de la nuit), tantôt accompagné d’ombres ou de reflets multiples (transitions d’un interprète à l’autre où les instruments jouent ponctuellement ensemble). L’austérité -ou plutôt l’économie de moyen- est assumée, la durée étirée permettant de travailler le temps long, de faire intervenir la mémoire par le jeu des réminiscences, des échos, des déformations à grande échelle, le tout dans la torpeur (sinon le sommeil) de la nuit. A ce jour, le cycle dure environ une heure.
Note d’intention : Deux chants sous le ciel d’Ignis de Vincent Trollet
“Ignis, figure mythique du feu, incarne la métamorphose de l’être. Il brise les liens qui nous unissent aux moments de plénitude éphémères, les transformant en cendres remplies de signification. Le feu est, paradoxalement, à la fois un chemin et un moyen de purification. Sous son regard incandescent, deux poèmes prennent vie et leurs mots se mêlent aux sons pour former un ensemble organique qui s’articule en un dyptique – d’où le titre « Deux chants sous le ciel d’Ignis ». La musique, exutoire puissant, amplifie cette incarnation. Elle devient son-matière et étincelle musicale grâce à sa puissance expressive. Le temps s’étire et se rétracte. Le poème de Gabrielle Althen, incantation lancée dans le vide, résonne avec la plainte ancestrale de la Corse. Ensemble, ils tracent les contours d’un paysage intérieur où la mémoire se mêle à l’espoir et où je ne peux que me retrouver moi-même.” (©Vincent Trollet)
Musiciens :
Emmanuelle Monier (mezzo–soprano), Louna Dekker-Vargas (flûte), Jean-Jacques Godron (clarinette), Sylvain Devaux (hautbois), Constance Luzzati (harpe), Pauline Klaus (violon 1), Lucie Leker (violon 2), Elodie Gaudet (alto), Clotilde Lacroix (violoncelle)