19h20 | Interview
Interview avec Laurent Vilarem.
20h | Chemin des Incas
Ouverture par les élèves du Pôle Sup 93
Compositeurs | Pièces |
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Pía Alvarado | Ce qui se brise |
Concert Regards : Chemin des Incas
La première soirée conviera le public à une odyssée sonore à travers le réseau mythique des Chemins incas (Qhapaq Ñan).
Les Chemins incas n’étaient pas seulement un réseau de routes piétonnes, mais les artères battantes de l’empire Inca. Toutes convergent vers Cuzco, la capitale, le « le nombril du monde » en quechua. S’étendant des rivages de la mer jusqu’aux altitudes vertigineuses de plus de 5 000 mètres, ces chemins reliaient les vastes étendus de l’empire, de l’Équateur au Chili, en passant par la Colombie, l’Argentine, la Bolivie et le Pérou.
Ce programme musical, inspiré de cet itinéraire légendaire, explorera le riche patrimoine de la musique latino-américaine. Il débutera au XVIIe siècle avec Hanacpachap cussicuinin, première œuvre polyphonique du Nouveau Monde, attribuée à un disciple de Juan Pérez de Bocanegra, suivie d’une composition de Tomás de Torrejón y Velasco, compositeur du premier opéra du continent, La Púrpura de la Rosa.
Le voyage se poursuivra en Colombie avec une œuvre de Melissa Vargas Franco, avant un retour au Pérou et une composition de Teodoro Valcárcel, qui explore la musique traditionnelle de l’altiplano en intégrant le quechua et l’aymara. En Bolivie, Sonno de Mizky Bernal précèdera une escale au Chili avec une composition de Sergio Ortega, avant de revenir au Pérou avec les danses populaires de Celso Garrido-Lecca.
Deux créations spécialement composées pour cette occasion viendront compléter harmonieusement cette mosaïque musicale :
– Voces en el Silencio de Mark Contreras, pour soprano, guitare et flûte, inspirée d’un fragment du poème Antígona de Jorge Eduardo Eielson
– Este pobre barro pensativo de Yemit Ledesma, tirée du poème Los dados eternos de César Vallejo.
Enfin, JH de Juan Arroyo (France-Pérou) et le vibrant Wifala de José Maria Arguedas, viendront conclure cette soirée retraçant les rencontres et l’histoire légendaire du Chemin des Incas.
Compositeurs | Pièces |
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Anonyme | Hanac pachap |
Tomas de Torrejòn y Velasco | Cuando el bien |
Melissa Vargas Franco | A travez de la sombra, la grieta |
Theodoro Valcarcel | Chililin Uth’aja |
Mizky Bernal | Sonno |
Sergio Ortega | El pueblo unido jamas será vencido |
Celso Garrido-Lecca | 8 danzas populaires |
Mark Contreras Waiss | Création |
Juan Arroyo | JH |
Yemit Ledesma | Création |
José Marìa Arguedas | Wifala |
Note d’intention pour Voces en el Silencio (Voix dans le Silence)
« Voces en el Silencio (Voix dans le Silence), pour soprano, guitare et flûte, s’inspire d’un fragment du recueil poétique Antígona de Jorge Eduardo Eielson. Cette œuvre nous plonge dans un paysage désolant où la nature et l’humanité s’entrelacent dans une réalité macabre, évoquant la décadence, l’oppression et l’horreur de la guerre.
Le texte choisi présente des images de fruits vides, de betteraves brûlées et de poules piétinées, suggérant un monde dévasté et sans espoir. Des villages incendiés et des œufs sinistres dans les tombes renforcent l’idée de perte et de désolation. Dans un second fragment, la mention de ceux qui ne verront plus jamais la lune nous confronte à l’irréversibilité de la mort, tandis que la marche funèbre entre des érables rouges et une fronde de lances et de fusils nous transporte dans un contexte de conflit armé. L’image d’une troupe aveugle et calcaire avançant vers la mort, foulant le sel et les sédiments sur ses pentes, suggère la déshumanisation et la souffrance causées par la guerre.
D’un point de vue musical, Voces en el Silencio prend ces images comme point de départ pour une exploration sonore profonde. L’œuvre entrelace des éléments mélodiques et harmoniques avec des textures sonores évoquant la destruction et le chaos. À travers la voix de la soprano, la guitare et la flûte, la composition oscille entre des tensions dissonantes et des moments de fragile lyrisme, suggérant le contraste entre la dévastation et la nostalgie d’un temps antérieur à la guerre.
Cette composition cherche à capturer et à traduire les émotions profondes et les images puissantes du poème de Eielson, offrant ainsi une expérience musicale immersive et poignante. »
Note d’intention pour Este pobre barro pensativo (Cette pauvre argile pensante)
« Este pobre barro pensativo (Cette pauvre argile pensante) est une œuvre écrite pour soprano, flûte et guitare, mettant en musique le poème Los dados eternos de César Vallejo. À travers des sonorités variées, des textures riches et des ressources lyriques, cette composition explore le profond message du poème, évoquant la petitesse de l’humanité face à l’immensité de Dieu.
Le poème nous invite à réfléchir sur l’existence humaine, perçue comme minuscule et insignifiante en comparaison avec la grandeur divine. Vallejo décrit un Dieu impassible, insensible aux souffrances de sa propre création, soulignant ainsi le contraste entre l’infinie complexité de la vie humaine et l’indifférence divine.
Cette œuvre musicale vise à capter et traduire ces sentiments à travers une exploration sonore profonde, mettant en relief la vulnérabilité de l’homme et l’indifférence divine. Chaque note, chaque sonorité, cherche à évoquer la condition humaine, ses dilemmes, et son rapport complexe avec le divin. Este pobre barro pensativo nous plonge dans une contemplation de notre existence et de notre place dans l’univers, en faisant résonner les mots et les émotions du poème de Vallejo à travers la musique. »
Musiciens | Chemin des Incas
Maya Villanueva : soprano
Samuel Casale : flûte
Omar Nicho : guitare
19h20 | Interview
Interview avec Laurent Vilarem.
20h | Route de la soie
Ouverture par les élèves du Pôle Sup 93
Compositeurs | Pièces |
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Pía Alvarado | Pièce pour ensemble |
Concert Regards : Route de la soie
La deuxième soirée nous emmènera sur la Route de la Soie, espace d’échanges et de rencontres entre Orient et Occident.
Conçue comme un voyage musical, cette soirée réunira des compositeurs et compositrices dont les créations inédites dialoguent avec les sonorités et les traditions issues de cette route mythique. Le programme s’articulera autour de compositions originales et d’interprétations qui résonnent avec les thématiques du voyage, de la mémoire et de la transformation.
La soirée s’ouvrira avec l’œuvre TTY de la taiwanaise Lin-Ni Liao, dont la structure en deux parties encadrera A fiery flame, a flaming fire de Michel Petrossian et l’œuvre audiovisuelle Bâd-e-Sabâ de Sina Fallahzadeh.
Deux créations s’intégrant parfaitement à cette mosaïque musicale seront au programme de cette soirée : Navâ-ye Kavir tout d’abord, de Sina Fallahzadeh, tissant un dialogue entre violon, violoncelle et santour. Une création de Farnaz Modarresifar ensuite, où le langage singulier de la compositrice franco-iranienne, nourri par la tradition persane et la musique contemporaine, façonne une expression inédite de cet instrument millénaire.
Chaque pièce de le Route de la Soie s’inscrira dans un fil narratif subtil, où les sonorités orientales et occidentales dialogueront et s’enrichiront mutuellement. Les instruments traditionnels, tels que le santour de Farnaz Modarresifar, tisseront un échange fascinant avec la modernité du piano et du violon, donnant naissance à une trame sonore qui transcende les frontières culturelles.
Compositeurs | Pièces |
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Lin-Ni Liao | TTY |
Michel Petrossian | A fiery flame, a flaming fire |
Sina Fallahzadeh | Bâd-e-Sabâ |
Farnaz Modarresifar | Nouvelle pièce |
Sina Fallahzadeh | Nouvelle pièce |
Note d’intention – Création pour santour, Farnaz Mosarresifar
« Après plus de 17 ans de recherche et de création autour de cet instrument perse, en solo, en ensemble et dans des productions scéniques, cette occasion revêt pour moi une importance particulière. Elle marque un retour aux sources avec mon compagnon de route depuis l’enfance : le santour.
C’est une opportunité de retrouver la poésie avec ses 72 cordes et de me plonger dans l’écoute intime de ses résonances.
Le thème de cette édition de Festival Sonomundo, La Route de la Soie, résonne profondément en moi, tant en tant qu’artiste qu’en tant qu’habitante dont les racines sont ancrées dans cette culture. L’histoire inscrite dans la mémoire des peuples, les souvenirs portés par les marchands, les influences culturelles emportées par les voyageurs…
Autant de sources d’inspiration précieuses qui nourriront cette nouvelle composition. »
Musiciens | Route de la Soie
Farnaz Modarresifar : santour
David Joignaux : tam-tam
Jacques Comby : piano
Pauline Klaus : violon
Marie Ythier : violoncelle
18h | Une Groupie au Pérou
Une Groupie au Pérou : conférence fiction.
19h | Improvisation
Improvisation du Conservatoire Camille Saint-Saëns.
19h20 | Interview
Interview avec Laurent Vilarem.
20h | Rivages Méditerranéens
La troisième soirée proposera un concert thématique autour d’une route allant d’Ionie à Marseille. La Méditerranée, mer originelle et berceau de la civilisation, a été célébrée à maintes reprises. Mais au-delà de l’image idéalisée, la modernité nous confronte à la réalité des fractures et des conflits qui traversent cette région du monde. Comment repenser la représentation de la Méditerranée, au-delà des clichés et des imaginaires collectifs ? Existe-t-il une conscience d’appartenir au monde méditerranéen, au-delà des divisions et des tensions qui marquent son histoire ?
C’est dans cette perspective que la programmation de cette soirée a été conçue. À l’image d’un grand théâtre antique, cette mosaïque sonore est un hommage à l’histoire et à la diversité de la Méditerranée.
Le programme proposera un voyage riche en symboles et en émotions, débutant en Italie avec une œuvre pour hautbois solo de Luciano Berio. La traversée se poursuivra en mer Égée avec une suite pour violon d’Eleni Ralli, composée de cinq mouvements mystérieux évoquant un récit imaginaire, tandis que la pièce pour violoncelle de Myrto Nizami exprimera une tension brute et obstinée.
Nous repartirons ensuite en Italie, à la découverte de La Malincona de Salvatore Sciarrino pour violon et alto. La lumière méditerranéenne continuera de nous éclairer à travers la création de Vincent Trollet, capturant la beauté sensorielle de la mer. Enfin Sylvain Devaux explorera les tensions du désir et de la fragilité créative à travers son œuvre Chant, Contrechamps.
Compositeurs | Pièces |
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Ayser Vançin | Les plaintes d’un Icare |
Myrto Nizami | Gone in no time |
Eleni Ralli | 5 Mysterious Scenes |
Salvatore Sciarrino | La malinchonia’ |
Vincent Trollet | Création |
Sylvain Devaux | Création |
Note d’intention pour Chant-Contrechamps
« Je mène depuis plusieurs années une exploration minutieuse des possibilités sonores de mon instrument, le hautbois. Ces recherches ont déjà abouti à la composition de deux pièces, Open Calls pour hautbois seul et Sillages pour hautbois baroque et trio à cordes. Commande de l’ensemble Regards, cette nouvelle pièce pour hautbois, violon, alto et violoncelle s’inscrit donc dans dans une continuité. Elle prend comme point de départ la découverte de certaines sonorités délicates et expressives qui contrastent avec l’idée d’un hautbois soliste, rôle qui lui est traditionnellement confié dans l’histoire de cette formation. Dans Chant-Contrechamps je cherche à l’inverse à marier les timbres des instruments, à imaginer leurs complémentarités pour ainsi tendre vers une plus grande homogénéité du quatuor. Sensible à l’héritage de la musique spectrale, les dimensions de timbre, d’énergie ou plus généralement l’idée de vie au cœur du son demeurent autant d’aspects chers à ma poétique sonore et qui seront au centre de la composition. Faisant appel à différents modes de jeu qui altèrent le timbre normal du hautbois, l’écriture ne renoncera pas pour autant à le faire chanter. Celle pour les cordes, inspirée par la finesse et l’inventivité de Ligeti ou Lachenmann, intégrera également quelques préparations des instruments afin d’en augmenter la palette des sonorités.
À l’image des champs-contrechamps cinématographiques qui présentent des perspectives variées d’une même scène, la composition fera entendre plusieurs états musicaux, tantôt en dialogue, tantôt en contrepoint ou encore de manière synchrone, comme autant de manières de percevoir la matière musicale. Chant-Contrechamps déploiera ainsi dans le temps un petit théâtre d’affects musicaux ».
(Texte de Sylvain Devaux, le 24 février 2025)
Note d’intention pour la création pour alto et violon
« Cette nouvelle œuvre est née d’une collaboration étroite et d’une longue amitié avec Élodie Gaudet, altiste au sein de l’ensemble Le Regard. C’est grâce à cette relation privilégiée que j’ai pu explorer en profondeur les multiples facettes de l’alto, un instrument qui me passionne. Cette pièce est le fruit de nos recherches communes et de ma propre exploration de l’instrument.
Ainsi l’œuvre ne suivra pas une forme monolithique, mais sera plutôt structurée en plusieurs étapes distinctes. Chaque étape aura un caractère propre, offrant une variété d’atmosphères et d’émotions. Cette approche est un défi pour moi, car je suis plus habituée à des formes amples et à un développement progressif.
Le contexte dans lequel l’œuvre sera jouée, avec son lien à la Méditerranée, est une source d’inspiration importante. Des éléments musicaux évoquant cette région seront présents dans l’œuvre, tels que des références à des maqâms (modes musicaux arabes).
L’œuvre explorera la tension entre différents espaces sonores : une microtonalité inspirée par les maqams, le tempérament égal, plus familier à la musique occidentale. Cette dichotomie se traduira par des formes musicales à la fois structurées et ouvertes à la fragmentation. Des moments de rupture et de “fracturation” viendront interrompre le déroulement linéaire de la musique ».
(Texte de Vincent Trollet, le 30 janvier 2025)
Musiciens | Rivages Méditerranées
Sylvain Devaux : hautbois
Lucie Leker : violon
Elodie Gaudet : alto
Marie Ythier : violoncelle